Biographie

1883   Naissance de Raymond Aynaud, dit Bils (*), à Mandelieu-les-Thermes le 15 août.

1893 Sa famille s’installe à Paris; Bils a alors 9 ans.

1898   Très tôt il veut devenir peintre. Son père avait suivi des cours à l’école des Beaux-Arts d’Aix en Provence lorsqu’il y faisait ses études de droit. Bils était sensible aux œuvres remarquablement exécutées par son père. Celui-ci s’était orienté vers le notariat, mais au fond était un artiste. C’est dans ce contexte qu’à l’âge de 15 ans, Bils entre à l’école des Arts Décoratifs à Paris. Il y obtient une distinction décernée par la Sorbonne que lui remet le peintre, aquarelliste et graveur Henri Harpignies.

1899   Pour subvenir aux besoins de sa famille, il quitte les Arts Décoratifs et devient commis dans un Cabinet d’Agent de change à Paris. Les horaires du bureau lui laisse du temps pour peindre et dessiner. A la Bourse il côtoie tous les milieux : boursiers, littérateurs, artistes, et même sportifs. Il y rencontre Paul Gauguin, alors inconnu comme artiste et également employé chez un agent de change, le dramaturge Henry Becque, également commis d’agent de change, ainsi que le dessinateur Leonetto Cappiello qui vient croquer des silhouettes de boursiers.

Sur ses fiches d’ordre autour de la corbeille, Bils dessine des caricatures. Un ami lui conseille de les porter au journal la “Vie parisienne”. Le rédacteur lui commande un dessin par semaine. Ainsi débute sa vocation de dessinateur de Presse.

1903 Il est appelé au Service militaire à Laval. Sur son temps libre il réalise des portraits et notamment celui de son colonel ce qui lui vaut d’être qualifié “peintre du régiment” et quelques commandes d’œuvres.

1906 Libéré de ses obligations militaires, Bils reprend ses fonctions de commis d’Agent de change. A cette époque il adore le théâtre. Il assiste à toutes les générales et y rencontre de nombreuses personnalités. Un ami l’introduit dans le mode musical et lui fait connaître le responsable de la revue, la Société Internationale de Musique (S.I.M.) dont il devient le collaborateur. Il a ainsi ses entrées salle Pleyel, salle Gaveau et à l’Opéra. Il peut ainsi croquer tous les artistes et propose ses dessins à la Comoedia illustrée, le Paris-Journal, Fantasio, le Rire, le Petit Parisien, l’Illustration, l’Assiette au Beurre, Ridendo,…

1908 – 1909   Série de portraits dans un album sur l’Opéra dont de nombreuses caricatures de musiciens pour la revue S.I.M (Société Internationale de Musique).

1914   Mobilisé le 2 août, il est sergent au 353ème régiment d’infanterie. Il a emporté avec lui un carton à dessin, ses crayons, sa boîte d’aquarelle et ses pinceaux. Affecté au régiment qui défend Bois-le-Prêtre (Meurthe-et-Moselle), crayon en main, malgré la violence des combats, son talent s’affirme avec une série de scènes de la vie des tranchées et des paysages désolés du front.

Il devient l’illustrateur du Poilu et du Rire rouge. Il est également dessinateur des journaux de tranchées : Le Tuyau, La Roulante, Bellica, Le Tord-boyaux, La Baïonnette, Le Miroir, Le Ver luisant.

1915   Le journal « Le Temps » écrit : « Nous avons trouvé l’an dernier une remarquable saveur aux croquis documentaires d’un fantassin, le Sergent Bils. Nous trouvons sous la même signature cette année des œuvres décisives ».

Dans l’ensemble qu’il expose et dont tous les motifs ont été empruntés au Bois-le-Prêtre, il y a quelques aquarelles surprenantes de vérité, de vie, de justesse. Des morceaux envoyés du front, ceux-là seuls détiennent la note émouvante.
Tous les autres sont d’une joyeuse et douce ironie. En se regardant, le poilu des tranchées a le sourire, et la finesse malicieuse avec laquelle il s’analyse est charmante».
Sur le front, entre deux actions militaires à Marbache, à Montauville et en Alsace, fin 2017 début 2018, il continu de croquer prisonniers et compagnons d’infortune. Le 2 janvier 2018, le journal « Le Temps » écrit :
« le sapeur Bils, qui n’a pas quitté depuis le début la région de l’Argonne, nous envoie de là-bas de curieux croquis de prisonniers ».

1917   Expose au « Salon des Humoristes ». Il y exposera chaque année jusqu’après la seconde guerre. Il y rencontrera le peintre Théophile Alexandre Steinlen dont il sera l’ami.

Acquisition par le Ministère de « l’Instruction Publique et des Beaux-Arts » d’une aquarelle intitulé « Une pipe » exposée au « Salon des Humoristes », et d’une aquarelle intitulée “La Ferme Sainte-Evre” par la Ville de Paris (Direction des Beaux-Arts et des Musées).

1919   Il retourne à la Bourse, poursuit sa carrière de dessinateur de presse, collaborant à des journaux financiers, au Progrès Civique, au Quotidien… Il collabore au Petit Bleu avec des dessins politiques, puis dans de nouveaux hebdomadaires comme d’Artagnan, Gringoire, Candide, Pantagruel. Il collabore également à l’Illustration et Plaisir de France. Il devient à cette époque dessinateur parlementaire. Pour le Petit Parisien il suit alternativement les grands procès et les séances à la Chambre.

Au gré de l’actualité, il saisit sur le vif les traits des hommes et des femmes des milieux de la Bourse, du Barreau, de la Politique, de la Musique, du Théâtre, du Cirque. Dessinateur judiciaire il réalise de nombreux dessins sur les avocats et leurs clients.

1921 Bils est nommé Officier d’Académie.

1926   « Exposition des Peintres de Cirque » au Cirque d’Hiver. Ses dessins de clowns, tout particulièrement ceux des frères FRATELLINI, sont très remarqués.

1928   Expose des dessins au « Salon des Dessinateurs Parlementaires », au premier « Salon de la Bourse » et une grande toile au “Salon des Humoristes”. En juin, il s’installe au 60 Boulevard de Clichy à Montmartre, dans un petit trois pièces, sans salle d’eau comme la plupart des logements à l’époque. L’une des pièces lui sert d’atelier. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie. Fixé à Montmartre, Bils peint tous les coins de la Butte. Ses aquarelles, dessins et toiles témoignent ainsi du Vieux Montmartre aujourd’hui disparu.

1930 Il couvre le congrès socialiste. Ses “gueules” sont publiées dans La Nouvelle revue socialiste.

1931   Connaît un succès avec ses dessins du célèbre clown suisse GRÖCK dont il sera l’ami.

Publication « La Bourse – 26 avril 1931 » collectif d’humoristes : Ray Ordner, Paul Ordner, Sissi, Roby, Vermont et Bils – album broché tiré à 200 exemplaires numérotés sur simili Japon (44 pages).

1932   Acquisition par le Musée de la Guerre de plusieurs dessins réalisés sur le front.

1933   Publication « Types du faubourg » par Bils (31 pages) – présentation de Michel Muray. Recueil de portraits de personnalités du monde politique, social, intellectuel et artistique qui fréquentaient le Club du Faubourg (1918 – 1939), croquées par Bils.

1934   Expose au « Salon des Humoristes » et au “Salon de peinture des Boursiers” une toile vigoureuse représentant au premier plan un manifestant gisant sur le pavé et la silhouette du Palais-Bourbon en toile de fond, figurant la tragique échauffourée de la soirée du 6 février, et pour légende ce simple mot : « Concorde !! ».

La même année, il couvre le procès STAVISKY. Le journal Candide écrira : « Parmi les dessinateurs qui se sont transformés en accusateurs publics (..) en faisant claquer le fouet de la satire, il faut citer Bils ». Un de ses dessins exposé au « Salon des Humoristes » représentant Madame STAVISKY à la barre est décroché par la police. Un autre dessin évoque l’assassinat d’Albert Prince, Conseiller à la cour d’appel de Paris, sur une voie de chemin de fer, une flaque de sang et cette légende : “le rouge est mis”.

1935 Il présente une liste aux élections municipales dans le quartier des Grandes-Carrières dans le 18e arrondissement de Paris sous l’étiquette républicain indépendant, dessinant lui-même ses affiches. Il obtient 63 voix. 

1939 En septembre Bils est à nouveau mobilisé. Il est envoyé à Toulouse où il travaille aux archives de l’armée. Lors de ses déplacements dans la région il réalise des aquarelles, notamment à Albi (le Pont Vieux et la cathédrale), Turenne, Viviers, Calvignac, Argens, Audressein, Fontet, La Réole…

1941   Expose au « Salon d’Automne » quatre tableaux sur Montmartre : « Le Sacré-Cœur », « Rue des Saules », « Place du Tertre » et « Impasse Trainée ».

1944   Abandonne la carrière de dessinateur de Presse et se consacre à la peinture paysagiste. Il sillonne les rues de la Butte Montmartre, le chevalet sous le bras. On le rencontre à l’œuvre rue Norvins, place du Tertre, mais aussi sur les quais de Seine croquant les bouquinistes et près de l’Ile de la Cité, peignant ses ponts et Notre Dame.

1945 Expose au “Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts” au Palais de Tokyo à Paris.

1948   Peintre connu de Montmartre, ses œuvres et effigies trônent dans des cafés de la Butte. Membre du Comité des dessinateurs humoristes, il expose au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts, au Salon d’Automne, au Salon d’Hiver, au Salon des Humoristes.

A la belle saison il s’en va peindre en Bretagne, notamment à Douarnenez où les armateurs de thoniers et les marins pêcheurs apprécient ses tableaux.

Il expose à Quimper dans une galerie : « Bils multiplie les prises de vue fiévreuses, maisons grises, groupes de pêcheurs amassés confusément à l’ombre, déroulement d’un port, il a tout vu, tout noté avec la peur, dirait on de laisser envoler l’instant qui passe. Et l’on ne sait trop qu’admirer davantage de ses peintures à l’huile, si solides ou de ses gouaches et aquarelles qui rendent perceptible une certaine qualité de lumière bretonne, ce par quoi le port breton se distingue des autres ports de la côte, et cette sorte de dignité de la silhouette bretonne qui émut déjà d’autres grands peintres ».

Il sera également attiré par les paysages des Gorges du verdon, ceux des bords du Rhône et de sa Côte d’Azur natale.  

1968   Il s’éteint le 29 janvier à l’âge de quatre-vingt-cinq ans. Il est inhumé au cimetière des Batignolles à Paris (17e) dans le caveau familial.

Palette de l’artiste – 37 x 30

1972   Musée de Montmartre : exposition collective « La Vie de Paris » avec André Gill et Weal. « Bils, avec ses dessins humoristiques fantaisistes, avait une préférence pour le trait ferme et estompé à la fois et les tons doux et profonds ».

Œuvres dans les musées suivants :

  • Dessins au Musée de la Guerre à Vincennes (1932)
  • Dessins à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine rattachée à l’Université de Nanterre Paris X
  • Dessins au Musée du Cirque à Tourette-Levens (Alpes Maritimes)
  • Œuvres aux archives nationales – Ministère de la Culture (Pierrefitte-sur-Seine)
  • Collection du musée de la musique – philharmonie de Paris
  • Ville de Paris
  • Musée de Montmartre (Paris) – œuvres et documents provenant du fonds d’atelier de l’artiste
  • Fonds National d’Art Contemporain (FNAC)

(*) le pseudonyme de “Claude Bils” est parfois utilisé au lieu de “Bils”, notamment sur les sites de commissaires priseurs. Le dictionnaire des artistes de Montmartre y fait référence, sans qu’aucun document ne vienne l’attester. En revanche, le « Dictionnaire des illustrateurs : 1800-1914 (illustrateurs, caricaturistes et affichistes) » de Marcus Osterwalder indique le pseudonyme “Bils (R.)”, le R faisant référence à son prénom Raymond. Idem concernant le Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains de Jean-Pierre Delarge qui indique le pseudonyme Bilssans prénom. L’artiste signait ses œuvres du simple pseudonyme “Bils”, sans prénom. Sa carte de Presse établie au nom de “Raymond Aynaud, dit Bils” est signée “Bils”. Nous retenons donc le pseudonyme “Bils”, sans prénom, en conformité avec la signature de ses œuvres.